Quelle est la température idéale de l'eau d'une piscine privée ?

Définir une température idéale pour l'eau d'un bassin privé de piscine tient de la gageure, tant les besoins et les ressentis de chacun diffèrent. Selon l'âge, selon l'activité déployée pendant la baignade, selon la température ambiante extérieure, selon la région d'implantation, selon son exposition géographique ou selon qu'elle se situe à l'extérieur ou en intérieur des bâtiments la température de confort peut varier ! Il est, cependant, des limites à ne pas franchir, pour des raisons d'ordre technique ou sanitaires, nous commencerons donc ce dossier par ces interdictions de principe.

En quoi une eau froide ou seulement trop fraîche rend elle la piscine difficilement utilisable ?

On le sait, dans certains pays, la tradition consiste à casser la glace pour faire une trempette revigorante. Tout d'abord, ces pratiques ancestrales tiennent davantage du folklore, de la recherche d'exploit métaphysique ou d'un défi rituel collectif de courte durée, qu'au véritable plaisir de se prélasser longuement dans le bain rafraîchissant. Ensuite, il s'agit essentiellement d'eau sauvage, douce ou maritime, ce qui fait une différence d'acceptation énorme, avec ce que l'on attend d'un bassin dont on peut maîtriser la température. Ainsi, en moyenne dans nos régions, les vagues et les rouleaux des rivages de l'océan Atlantique, présentent des températures oscillant, en été, entre 16 et 20° C. Pour autant, des milliers de personnes s'y baignent quotidiennement, avec le plus grand plaisir. Inversement, très peu de personnes, quel que soit leur âge, acceptent de s'immerger dans une eau de piscine à 18° C ou si elles s'y contraignent, en ressortent très vite, les membres engourdis. Nous touchons là aux complexes relations entre le corps et l'esprit, car à n'en pas douter, cette aversion naturelle et incontrôlée du plus grand nombre pour l'eau froide des piscines, est d'ordre psychique, avant d'être physique.

Dans l'inconscient collectif, la piscine, c'est le confort ! Le bain prolongé à des températures plus basses encore, devient carrément dangereux pour les plus fragiles. Gare, alors, à l'hypothermie potentiellement mortelle, aux problèmes cardiaques ou respiratoires ! Notons au passage, que c'est bien dommage, car il serait techniquement bien plus simple d'entretenir, claire et limpide, l'eau d'un bassin dans ces conditions. Dans les faits, les piscinistes interrogés, constatent que très peu de leurs clients acceptent d'entrer sans réticence dans l'eau de leur piscine avant qu'elle n'ait atteint 24 à 25° C. Nous considérerons donc 25° C, comme température minimale pour une eau de piscine privée. Il est d'ailleurs troublant, de remarquer qu'il s'agit du seuil physiologique en deçà duquel le corps commence à dépenser des calories pour se réchauffer.

Pourquoi les températures trop élevées sont-elles gênantes ?

Aux abords de la bien-nommée "Hot Water Beach", célèbre plage de la péninsule du Cromandel en Nouvelle Zélande, certains courants marins peuvent atteindre 64° C. Record mondial ! Il n'est pas vraiment recommandé de s'y tremper, car au-delà de 60° C, le corps ne résiste pas longtemps avant de prendre des allures d'écrevisses trop cuites. 40° est la température limite à laquelle le corps peut s'adapter pendant un temps relativement long. La plupart des organismes humains ressentent, comme une agression les séjours prolongés dans une eau à plus de 31° C. Conservons donc comme limite maximale haute de l'eau du bassin, cette température. Dans la mesure du possible, il faudrait pourtant éviter de l'atteindre, car le moindre effort physique produit de la chaleur corporelle, difficile à évacuer dans ces conditions. Au simple plan du confort, se tremper, pendant les périodes chaudes de l'été et pire, de canicule, dans une eau à 30°ou plus, ne procure aucune sensation de fraîcheur et de bien-être.

Relation entre température et qualité de l'eau

Il est bien connu de tous les heureux propriétaires de piscine, que les difficultés à maintenir une eau équilibrée, claire et limpide, augmentent pour chaque degré de température supplémentaire et sont très influencées par les épisodes orageux. L'enrayement de ce processus complexe, répond à un impératif absolu : pour que les traitements soient efficaces, l'eau doit être maintenue légèrement au-dessus de l'équilibre du potentiel Hydrogène (pH) neutre. Explications : pour faire simple, le pH est neutre lorsqu'il est titré à 7, sur une échelle de 0 à 14. Chaque grade gagné (8,9, 10…) voit la concentration en ions hydrogène H+, multipliée par 10. On dit que l'eau est alcaline, basique ou dure. Chaque grade perdu (6,5, 4…), voit la concentration en ions hydroxydes H, multipliée par 10. L'eau devient acide. Or, chaque fois que la température de l'eau prend 10° C, elle gagne 1 grade de pH et inversement lorsque la température baisse. Comme l'eau doit être en permanence maintenue entre 7,2 et 7,4 de pH, chaque variation d'1/10^e de degré, fait varier le pH d'1/10 de point. On peut donc affirmer, que l'augmentation des températures du bassin de piscine favorise les réactions en chaîne, à l'origine de détérioration de l'aspect et de la qualité sanitaire de l'eau : turbidité (eau blanche ou laiteuse), prolifération d'algues (eau verte), le tout étant favorisé par le déséquilibre chimique de l'eau accentué par les variations de température. Notez que la température n'est pas le seul critère de déséquilibre du pH de l'eau. Peuvent l'influencer, aussi,

• la dureté (teneur en calcaire), qui doit être contenue entre 7 et 10° tH
• les produits de traitement (chlore, brome, oxygène actif…) ;
• les apports d'eau pluviale (souvent très acide ou très alcaline) ;
• la fréquentation du bassin (+ de baigneurs = + de pH).

Au vu de ces multiples influences, contrôler souvent le pH et la stabilité thermique du bassin est indispensable, mais insuffisant. Il est également très important de contenir la quantité de sels minéraux de toute sorte. La combinaison pH/tH peut être quantifiée par la mesure de concentration en carbonates et bicarbonate (Titre Alcalimétrique Complet ou TAC). Il est donc impératif de contrôler au moins 1 fois par semaine, le pH et le TAC, pour s'assurer de la parfaite prédisposition de l'eau, à bien réagir aux traitements. Pour ce faire, les bandelettes colorimétriques d'analyse de l'eau, permettent de faire d'une pierre trois coups. Elles indiquant en une seule opération, la teneur en désinfectant (chlore, Brome…), le pH et le TAC. Il ne reste plus qu'à ajuster ces paramètres, mais ceci est un autre sujet.

Particularité des piscines intérieures

Une piscine intérieure nécessite un appareillage performant, de contrôle des températures de l'eau et de l'air ambiant, quelle que soit la saison. En pratique, pour les usagers, les conditions de température requises pour le bain restent identiques à celles du bassin extérieur. Par contre, les températures de l'eau et de l'air ambiant doivent être parfaitement maîtrisées de façon à éviter une différence entre les deux milieux, supérieure à 2° C. Cela oblige, selon la saison, à chauffer ou à refroidir l'un comme l'autre et de maintenir une humidité relative de l'air acceptable. Pour ce faire, on utilise, généralement, de pompes à chaleur chauffantes et réfrigérantes ainsi qu'un dispositif de ventilation à réglage hygrométrique automatique. Si cette condition essentielle n'est pas respectée, l'atmosphère du local se sature rapidement de vapeur d'eau et l'hygrométrie de l'air devient étouffante. Une telle atmosphère serait de nature à nuire à la santé des organismes vivants les plus résistants et occasionne de graves dégradations des locaux à une vitesse stupéfiante.

Température moyenne idéale et températures adaptées ?

Nous avons vu, plus haut, les températures minimales et maximales souhaitable d'un bassin de piscine privée. Ce sont des valeurs butées en dehors desquelles peuvent commencer les soucis, mais pour satisfaire tous les utilisateurs potentiels, il convient d'affiner ces chiffres. La température moyenne de confort, celle qui devrait convenir à tout le monde sans déficit notable de confort dans le respect des exigences corporelles, se situe entre 26 et 29° C. Pourtant, puisqu'il est question de bassins privés, il est souvent préférable de moduler la température de l'eau en fonction des besoins spécifiques aux utilisateurs habituels. Par exemple :

• Le bain en piscine d'un nouveau-né en bonne santé, est possible dès l'âge de quatre mois ou dès qu'il a reçu ses deux vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la polio. Les parents auront alors à cœur d'adapter la température du bassin aux besoins de l'enfant (plutôt entre 31 et 33° C). Il n'y a d'autant moins de danger à cela, que jusqu'à six mois, bébé, toujours sous l'influence de sa vie intra-utérine, sait non seulement nager, mais retient parfaitement sa respiration quelques secondes en cas de besoin. Au-delà de six mois, il est préférable de baisser progressivement la température, pour une accoutumance aux éléments extérieurs.
• Les jeunes enfants de 4 à 10 an, s'accommodent parfaitement de la température standard de 28° C.
• Les enfants plus âgés ou adolescents préfèrent généralement une eau autour de 24 à 26° C. Plus actifs, ils génèrent une température corporelle élevée facilement régulée par un bain plus frais et sont dotés d'un système de régulation thermique extrêmement efficace.
• À contrario, les personnes âgées souffrent fréquemment d'un déficit de régulation de la température du corps. Cette particularité augmente les risques de chocs thermiques (hydrocution), lors de la première immersion en eau froide. Les affections articulaires, comme l'arthrite sont également fréquentes à partir d'un certain âge. Il est donc préférable, pour la piscine des seniors, de régler la température de l'eau entre 30 et 32° C.
• Les sportifs, enfin, doivent éviter une température de bassins supérieure à 28° C. Au-delà, le milieu aqueux aurait du mal à dissiper l'augmentation de la température corporelle générée par les efforts soutenus et prolongés. Trop froide, l'eau pourrait entraîner des troubles musculaires ou respiratoires. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la température des piscines olympiques doit, lors des compétitions, se trouver entre 26 et 28° C.